« Une nouvelle page de Fontenay » vue par Laurent Vastel et son équipe
Monsieur le Maire de Fontenay-aux-Roses, Laurent Vastel, passe à la phase active de sa campagne en vue de sa réélection en 2026. Dans son dernier tract sur papier glacé, distribué samedi 14 juin, il nous assure que grâce à l’action de son équipe municipale depuis 2014, la commune serait devenue notamment « plus sûre », « plus vivante », « plus sportive », « plus propre ». Des affirmations qui demandent quelques précisions…
Une commune « plus sûre » ? Ce n’est pas toujours l’impression que l’on peut ressentir quand il faut traverser en courant l’avenue Dolivet. Et ce parce que l’on a très peu de temps pour emprunter le passage clouté entre la pharmacie et le CIC en raison d’un feu vert très court pour les piétons (une moyenne de 7 secondes il y a quelques semaines ! ). Pas très pratique pour les personnes âgées et autres personnes à mobilité réduite…
On n’a pas non plus l’impression que la ville soit « plus sûre » quand l’on voit vélos et trottinettes circuler allègrement sur les trottoirs fontenaisiens, sans aucun égard pour les piétons fragiles. Précisons que la pratique est pourtant interdite par le Code de la route. A Sceaux, dans la partie piétonnière de la rue Houdan, des médiateurs interviennent pour demander aux usagers de ces modes de transport de mettre pied à terre… A Fontenay, on ne voit rien venir. Malgré les propos rassurants des élus de la majorité municipale qui se disent conscients du problème…
On ne voit rien venir non plus concernant les aménagements pour les cyclistes. Il faut dire que, comme il l’a expliqué au Monde, le « matraquage culpabilisateur provélo » commence sérieusement à agacer Monsieur le maire qui décide tout seul pour tout le monde. A l’écouter, la banlieue « n’est pas l’endroit le plus favorable pour le vélo ». « Et comment savoir s’il représente l’avenir du déplacement ? Je ne suis pas certain que son impact soit si considérable. » Quand on voit l’importance qu’a pris le vélo ces dernières années, on se dit que M. Vastel n’est pas forcément dans le vrai… Donc, bardé de ses seules certitudes (qui semblent remonter aux années 1970), le maire décide tout seul pour 25.000 Fontenaisiens. Concertation, vous avez dit concertation ? Et pendant ce temps, la ville est totalement sous-équipée en matière de pistes cyclables, contrairement aux communes voisines…
Une commune « plus vivante » ? Le tract évoque « un parcours résidentiel locatif et accession à la propriété qui se diversifie ». Qu’en termes choisis ces choses-là sont dites… Tout cela pour dire que les grues ont poussé comme des champignons dans tous les quartiers de la ville, déclenchant de nombreux recours de riverains devant la justice administrative. Mais l’actuelle municipalité souhaite apparemment encore accélérer le mouvement. Elle a ainsi fait voter une délibération pour établir une « convention d’intervention foncière » entre la ville de Fontenay-aux-Roses, le Territoire Vallée-Sud-Grand-Paris (communauté de communes) et l’Etablissement public foncier de l’Ile de France (EPFIF). Cette structure administrative complexe donne au maire la possibilité de mener des expropriations pour acquérir des biens et en faire bénéficier des opérateurs. Exproprier pour aller plus vite dans la poursuite du programme immobilier de la mairie ?
Une commune « plus sportive » ? « Les travaux de géothermie commencent en novembre prochain et ils vont immobiliser la moitié du stade du Panorama pendant deux ans, à Fontenay-aux-Roses », rappelle Le Parisien. A tel point que la section football de l’Association sportive fontenaisienne (ASF) craint pour son avenir.
Par contre, pourquoi le tract ne parle-t-il pas d’une commune « plus culturelle » ? Peut-être parce que le théâtre des Sources et le cinéma Le Scarron, équipements culturels majeurs de la commune, sont eux aussi fermés au moins pour 2 ans (3 ans, selon certaines rumeurs…) pour rénovation… Et ce après une première réfection en 2019 qui avait déjà entraîné une première fermeture pendant plusieurs mois. Sur une grande affiche apposée sur la façade du bâtiment avec, en gros, la photo de M. le maire, ce dernier nous explique que cette rénovation est « une démarche de dynamisation et de promotion des arts au bénéfice de tous les Fontenaisiens ». Pourtant, la fermeture de ces équipements culturels pendant plusieurs années n’est pas faite pour les « dynamiser ». Ne risque-t-elle pas au contraire d’entraîner une désaffection de la part du public ? Et donc d’entraîner une fermeture… définitive ?
Une commune « plus propre » ? Pas toujours. Il n’y a qu’à voir cette pièce d’eau installée devant la mairie, toujours sale et que des personnels compétents sont continuellement en train de nettoyer… Un nettoyage qui doit finir par coûter cher aux contribuables ! Par ailleurs, alors que le moustique tigre a fait son apparition dans notre région, n’est-ce pas une aberration de laisser en plein centre-ville une étendue d’eau stagnante ? Pour lutter contre le moustique tigre, il convient de supprimer ou vider « tous les endroits et objets pouvant retenir l’eau de pluie », rappelle ainsi l’Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine. Donc les eaux stagnantes.
Toujours en ce qui concerne la santé publique, pourquoi la ville ne cherche-t-elle pas à lutter avec vigueur contre les rats, notamment aux Blagis ? Peut-être à rapprocher des propos de Laurent Vastel, tenus en novembre 2023 devant des habitants : « Il y a des rats partout ; la dératisation ne sert à rien, et cela ne pose pas de problème de maladie. C’est plutôt l’homme
qui lui en transmet ». Le professeur de médecine qu’il est aurait dû lire ce que disent à ce propos ses pairs de l’Académie de médecine pour qui « le rat reste une menace pour la santé humaine »…
Une commune « plus participative » ? « La démocratie participative est vivante au quotidien », affirme avec grand sérieux le tract de la majorité municipale. Elle est vivante… sur le papier (notamment du Fontenay Magazine, qui a consacré à ce thème un numéro spécial). Mais dans la réalité, c’est autre chose. On a ainsi déjà donné l’exemple du vélo dont la non-politique est décidée par le seul maire dans le secret de son bureau.
On pourrait en donner beaucoup d’autres. Il a ainsi fallu une manifestation de citoyens pour que Laurent Vastel daigne accepter une concertation sur le réaménagement de la rue Boucicaut. Sur laquelle il entend finalement trancher tout seul en dernier recours. Comme d’habitude.
Dans les faits, la démocratie participative reste un leurre. Bien souvent, le maire et quelques élus décident seuls, dans leur coin, sans aucune concertation. Surtout pour les projets immobiliers. Exemple : le permis de construire accordé à un promoteur pour la construction d’un immeuble de 19,50 m de haut, au bord de la ruelle de la Demi-Lune qui longe le château Laboissière. Cette nouvelle construction surplomberait la cour du château et boucherait complètement la perspective de ce monument emblématique de Fontenay-aux-Roses contenant des éléments inscrits au titre des Monuments historiques. La mairie n’en a jamais publiquement fait mention, par exemple dans le magazine municipal. Conséquence, qui en a entendu parler, à l’exception de quelques riverains ? Preuve en passant que la municipalité ne se préoccupe guère du patrimoine bâti. A noter que l’affaire a fait l’objet d’un article dans Le Canard Enchaîné…
Pour se faire entendre dans ce dossier, des citoyens ont été obligés de se pourvoir devant le tribunal administratif en dépensant au passage plus de 5000 euros en frais de justice. Résultat : le promoteur a été obligé de revoir sa copie et un nouveau permis est à l’instruction. Dans le même temps, la commune a dû verser « une somme de 1500 euros au titre de l’article L. 761-1 du code de justice administrative ». Conclusion : les carences en matière de démocratie participative à Fontenay-aux-Roses coûtent cher aux citoyens. Et aux contribuables. On est donc bien loin des affirmations sur papier glacé ! Alors « une nouvelle page de Fontenay » ? Oui, bien sûr. Mais une page écrite sans Laurent Vastel et son équipe !
Laurent Ribadeau Dumas
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