29 mars 2024 | 07:42
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Religions et laïcité en France ; guerre et paix.

Plusieurs religions sont représentées en France et nous sommes fiers de cette diversité.
Des enquêtes faites sur les français adultes, soit environ 50 millions d’habitants, nous renseignent sur leur importance relative.

– Le catholicisme ; c’est la religion traditionnelle, à laquelle adhèrent encore 12 ou 13 millions d’habitants.
– La religion musulmane, traditionnelle pour les français originaires du Maghreb et de certains pays d’Afrique, concerne aujourd’hui 4 millions d’habitants.
– Le protestantisme : 2 ou 3 millions d’habitants.
– Le judaïsme : 500.000 habitants seulement, beaucoup ayant été tués pendant la seconde guerre mondiale.
– Le boudhisme : 150.000 habitants.
– Autres : 2 ou 3 millions d’habitants.

On remarque (en additionnant ces nombres) que plus de la moitié de la population est sans religion ; beaucoup se déclarent même athées (à peu près 15 millions), c’est-à-dire incroyants, ce qui ne les empêche pas d’avoir une morale laïque selon les exigences de la vie collective et citoyenne.

Pour la République française, la morale collective est résumée par les mots : « Liberté, égalité, fraternité », ce qui donne des directions générales, ensuite précisées par les lois. La paix n’est pas indiquée comme principe, sinon par le mot de « fraternité », mais on ne peut malheureusement être le « frère » de tout le monde, surtout lorsque la violence fait irruption dans nos vies.

Si les musulmans sont relativement présents en France, c’est parce que nous avons colonisé le Maghreb il y a un siècle et transformé l’Algérie en départements français, motivés par le pétrole que le Sahara algérien contenait. En conséquence, tous les algériens (encore vivants) nés avant 1962 sont nés français sans l’avoir demandé, et sont francophones parce que c’était alors la langue obligatoire de l’administration. Il en est de même, sous d’autres statuts, du Maroc, de la Tunisie et de beaucoup de pays africains. S’ils veulent chercher du travail hors de leur pays, ils viennent donc naturellement en France, même plusieurs années après leur indépendance.

Les évènements du 13 novembre nous ont tous affligés quelle que soit notre origine, notre croyance ou absence de croyance, notre religion éventuelle. En plus de ceux qui sont tombés sous les balles et surtout leurs familles désespérées, ce moment est dur pour les musulmans modérés car l’un des objectifs des terroristes est de diviser la population, amorcer une guerre civile, en stigmatisant l’ensemble des musulmans. Il faut donc leur résister.

Il est vrai que beaucoup de nos jeunes peuvent être déçus par l’absence de valeurs, d’objectifs, autour d’eux actuellement. S’il ne s’agit que de s’amuser et de gagner de l’argent en vendant de la drogue ou en faisant des « affaires », cela ne peut satisfaire un adolescent, encore moins s’il sait qu’il aura du mal à trouver un vrai travail. Ainsi certains partent en Syrie sans savoir ce qui les y attend, à la recherche d’une vie qui ait plus de sens pour eux ; c’est un refus de vivre dans une société de consommation à laquelle ils ne peuvent ou ne veulent avoir accès. Nous qui sommes beaucoup plus âgés qu’eux, nous ne comprenons pas comment il est possible de tomber si bas ; mais il ne faut peut-être pas oublier que certains jeunes français entraient dans la résistance en 1942-45 pour des raisons de ce genre : vouloir en découdre et vivre des aventures, se trouver un groupe, une famille ; ils ont parfois posé des problèmes à l’organisation de la résistance elle-même. Par chance la cause était meilleure et l’environnement plus sain, mais tout n’est jamais tout blanc ni tout noir.

Comprendre ne veut par ailleurs pas dire excuser et il y a un temps pour tout ; l’urgence est évidemment de détruire Daech (E.I.) par tous les moyens possibles, de savoir chez nous qui part en Syrie et en revient et de réprimer cette délinquance en France. Mais il faut aussi prévoir la suite et modifier l’état des zones de non-droit en banlieue nord-parisienne pour agir en amont et là, il faut comprendre d’abord ce qui s’y passe vraiment ; car la fin de Daesh ne réglera pas le problème de la violence.

La justice française se trouve donc face à un travail très délicat : pour que les prisons ne deviennent pas le lieu privilégié de recrutement du terrorisme d’une part, et pour que la surveillance de ceux qui en sont libérés soit assurée par les services compétents ensuite.

Il ne faut pas oublier non plus que la France vend des armes un peu partout dans le monde, sans se soucier des mains dans lesquelles elles peuvent tomber à long terme. N’oublions pas non plus que les enjeux pétrolifères sont sous-jacents à tout ce qui se passe au Moyen-Orient depuis un siècle ; or nous avons presque tous une automobile, etc …

Nous étions donc en guerre avant même les attentats, impliqués dans les massacres d’innocents qui ont lieu au Moyen Orient et en Afrique.

Christiane Vilain, Novembre 2015. Merci à mes relecteurs et correcteurs : Monika Miller, Christine Desrichard, Claire Vilain, Agnès Gillot-

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