19 avril 2024 | 13:10
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« Pensons transformation plutôt que destruction »

« La démolition des bâtiments d’un grand ensemble est violent pour les habitants et leurs voisins. Comment voulez-vous faire passer un discours d’apaisement, de gentillesse et d’attention dans le quartier quand de telles images ont pu exister ? »

«  La ville ne se fait plus à grands coups de composition, mais rue par rue, immeuble par immeuble, logement par logement. »

«  Démolir, ça n’a rien de durable, d’écologique, d’économique. »

«  Lorsque l’on affirme qu’on ne doit pas démolir, ça ne veut pas dire ne rien faire. Ca signifie prendre les choses avec plus d’observation, d’intelligence, d’invention, de conception pour les faire évoluer. »

«  Il est d’abord nécessaire de constater ce qui va bien ou ne va plus dans un immeuble, avant de lui donner un deuxième cycle de vie. Cela peut se faire avec les habitants. »

Ces quelques phrases sont extraites d’une interview donnée par les architectes bordelais Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal  qui viennent d’être lauréats du prix Pritzker pour l’année 2021, l’équivalent du prix Nobel dans le domaine de l’architecture.

Cette interview est publiée dans le Moniteur des travaux publics et du bâtiment du 23 avril 2021.

Par ce prix prestigieux, le jury international a voulu récompenser leur démarche constante menée depuis plus de 30 années pour chacune de leur réalisation. Et tout particulièrement pour les opérations de transformation de 530 logements dans le quartier du grand-Parc à Bordeaux et de rénovation-extension de la tour Bois-le-Prêtre à Paris qui a été primée en 2011 par l’Équerre d’argent, prix remis au maitre de l’ouvrage et au maitre d’œuvre pour mettre en exergue la qualité et la justesse d’une réalisation achevée en 2010 en France.

Comment est-il encore possible en 2021 qu’un Laurent Vastel ou qu’un Georges Siffredi puisse défendre bec et ongles leur volonté de démolir pour reconstruire le quartier des Blagis et bientôt la Résidence Saint Prix à Fontenay aux roses pour l’un et la Butte rouge à Chatenay-Malabry pour l’autre ???

Au Blagis, la justification de cette opération de rénovation urbaine serait due à la présence d’amiante dans les revêtements de sol thermoplastique des logements qui mettrait en danger la santé des habitants, nous dit Laurent Vastel…

La faculté de Jussieu était remplie d’amiante. On ne l’a pas détruire, on l’a désamiantée !

La santé des habitants n’est pas la préoccupation de notre Maire réélu. C’est avant tout celle de vouloir transformer la composition sociale de ce quartier en y construisant 600 nouveaux logements privés en plus des logements sociaux démolis et annoncés comme devant être reconstruits.

Le bailleur social Hauts de Seine Habitat s’est mis au service de l’élu pour répondre à sa volonté politique inavouable, alors que des exemples d’opération totalement différentes de réhabilitation de logements sont conduites et reconnues par de très nombreux bailleurs-sociaux.

L’équipe d’architectes Castro-Denisoff a répondu au programme de démolition-reconstruction que le donneur d’ordre leur a confié.

Laurent Vastel s’est emparé des 2 drames qui viennent de se dérouler dans ce quartier des Blagis pour promouvoir son projet de démolition-reconstruction en n’oubliant pas d’égratigner au passage ses opposants politiques.

C’est tout simplement honteux.

Bernard Welter

5 RÉPONSES

  • Penser l’avenir puis agir, sur la base de connaissances actuelles ET d’une réalité locale, plutôt qu’en suivant des schémas anciens et des concepts génériques inadaptés, cela semble être trop demander à nos responsables à Fontenay ou à Châtenay.
    À Fontenay, il faudrait qu’ils soient moins occupés à tenter de « valider » leurs décisions à coup de récupérations, en proférant ou colportant des mensonges afin (vainement) d’en faire porter le chapeau à tous ceux qui ont l’outrecuidance de les rappeler à leurs devoirs.

  • En deux mots, en attendant mieux. Bernard Welter dans son texte le plus récent pose la question essentielle : qu’est-ce qui guide l’action de Monsieur Vastel ? Non pas la santé ou le bien-être des fontenaisiens, non pas le souci esthétique de la transformation de la ville, même si ces deux questions ne lui sont pas totalement indifférentes. Ce qui définit son action, c’est un choix POLITIQUE : modifier la composition (la sociologie) de la population pour faire de Fontenay une ville résolument de droite.

  • Si Laurent Vastel souhaitait transformer Fontenay en ville de droite il n’aurait pas choisi la frange la plus à gauche du PS menée par Dominique LAFON passé chez En Marche par pur opportunisme après avoir manqué son putsch au PS contre Pascal Buchet.
    De plus les acheteurs de logements neufs sont essentiellement des bobos parisiens qui n’ont plus les moyens de vivre à Paris, les électeurs d’Hidalgo et des Verts, regardez qui a gagné à Chatillon

  • Merci pour cet article documenté et instructif, comme bien souvent avec B. Welter.
    Tout à fait d’accord avec l’analyse de G.Bruit sur l’évolution sociologique de Fontenay.
    Une seule remarque sur l’opposition gauche/droite qui n’a pas plus lieu d’être à mon avis. Qui se souvient que notre président qui ne défend pas vraiment des idées de gauche a été ministre d’un président socialiste ? Malgré cela, je trouve que cela ne remet pas en cause sa légitimité actuelle.
    Les femmes et hommes politiques locaux ou nationaux peuvent (re)trouver une légitimité en défendant des projets qui dépassent leurs intérêts électoralistes à court terme. Ce qui nécessite une vision à long terme de l’évolution de notre ville ou de notre pays.
    Le taux d’abstention très élevé aux dernières élections municipales est l’indicateur du désintérêt actuel pour la politique municipale.
    Mais il n’est pas interdit de penser que des projets défendant une vision de long terme pourront (re)susciter l’intérêt des électeurs . Et ceci dès l’échéance électorale de Juin prochain.

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