19 mars 2024 | 08:24
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Islam ou Islamisme ?

Mon épouse et moi avons regardé et écouté attentivement le débat entre Marine Le Pen et Gérald Darmanin jeudi soir à la télé. Le lendemain, au petit-déjeuner, elle m’a fait remarquer qu’une bonne partie de la différence entre les deux débatteurs était dans le vocabulaire : « Quand Darmanin parle d’islamisme, Le Pen répond islam ! Tu crois que le commun des mortels fait la différence ? »

Pourtant il ne devrait pas y avoir d’ambiguïté : avec islam, on parle d’une religion, vis-à-vis de laquelle l’état doit être neutre, comme avec toutes les autres religions ; avec islamisme, on parle d’un extrémisme religieux, niant la laïcité, qui va jusqu’au terrorisme, et avec lequel l’état ne peut donc pas transiger…

Mais : Quand on parle de la religion catholique, on parle des catholiques ou du catholicisme, et éventuellement des intégristes catholiques, qu’on ne qualifie pas de « catholicistes » ou « catholiquistes ». Quand on parle de la religion juive, on parle des juifs ou du judaïsme, et éventuellement des intégristes juifs, qu’on ne qualifie pas de « judaïsmistes ».

Alors pourquoi utiliser islamisme ou islamiste pour qualifier les extrémistes ou intégristes musulmans ? Ne peut-on se contenter de dire ce qu’ils sont, « des extrémistes ou intégristes musulmans » ?

Je suis (nous sommes, puisque c’est mon épouse qui m’a inspiré ce texte) convaincu(s) qu’il y a une volonté d’entretenir l’ambiguïté entre islam et islamiste et que, du côté des nationalistes et de l’extrême-droite, on en joue sans vergogne. Quand les bien intentionnés parlent de lutte contre « les dangers de l’islamisme », les autres répondent « danger de l’islam », espérant que le cœur de l’électorat n’entende pas la différence.

Nous proposons donc qu’on bannisse les vocables « islamistes » et « islamisme » du vocabulaire journalistique et politique pour le remplacer par « extrémistes » ou « intégristes » « musulmans ». Les lecteurs et électeurs sauront alors clairement de quoi l’on parle !

Michel Giraud

5 RÉPONSES

  • Au moment où les parlementaires se penchent sur le projet de loi confortant les principes républicains, cet article apporte une pierre utile à la réflexion que nous devons avoir sur la laïcité, le respect de toutes les religions dès lors qu’elles n’empiètent pas sur la sphère publique et la lutte contre toutes les formes d’extrémismes religieux.
    Les mots ont un poids et un sens et votre proposition finale aurait pour mérite d’éviter des raccourcis visant à stigmatiser une partie de nos concitoyens qui ne demandent pourtant qu’à pratiquer leur religion dans le respect des lois de la République
    Gilles Mergy

  • Merci Michel pour cet article pour lequel je partage entièrement la problématique. J’ai juste un autre point de vue sur la solution. Je ne pense pas que ce soit en bannissant des mots que l’on résoud la compréhension et que l’on évite les amalgames.
    Cela me fait trop penser à 1984 dans lequel certains mots étaient interdits d’autres détournés. Extrémiste est trop général trop flou, trop vague, les périphrases ’embrouillent’ et alourdissent le débat. La richesse des nuances commence par la richesse du sens de chaque mot dans en exclure aucun. Battons nous plutôt pour que personne ne détourne le sens des mots, c’est exactement ce que fait cet article et ce blog en général.

  • Merci de votre article modéré et pondéré. Apres une réflexion sur les termes généralement employés pour « raccourcir » et qui finalement ne font que contribuer à la confusion , votre conclusion est simple et claire. J’y souscris . En remarquant que les extrémismes ne sont l’apanage d’aucune religion particulière, mais malheureusement de toutes. On l’a bien subi au cours de l’histoire, même récente.
    Daniel Marteau

  • Michèle Dorothée.

    Je vous remercie, Mr Giraud, ainsi que votre épouse, pour cet article.
    Ces distinctions lexicales et sémantiques sont utiles et paraissent fondées. Peut-être peuvent-elles aider à la lecture et à l’analyse du projet de loi “confortant le respect des principes de la République”, débattu actuellement à l’Assemblée Nationale, dont l’objectif est de lutter contre les “séparatismes”. Il est nécessaire de rappeler que la laïcité est un des principes de la République française et il serait non moins nécessaire d’expliquer à nouveau en quoi consiste cette laïcité.

  • La différence qui n’est pas anodine est que l’interprétation du texte (le Coran) est sous la coupe de l’imam qui fait la lecture. Ces représentants ne sont pas toujours validés, et arrivent parfois en France avec des mandats de pays étrangers de porter un certain discours.
    Contrairement à la religion catholique qui a un représentant en la personne du Pape, et qui a des représentants qui ont suivis une formation et qui sont désignés est ordonnés selon des modalités homogènes est connues.
    L’étude des textes, quel qu’ ils soient est très complexe et fait appel à des qualités intellectuelles. Sans ces exigences envers les imams, il y a toujours ce risque de dénaturer voire d’instrumenter le Coran. Ce sont ceux qui ne lisent pas le texte qui acceptent la traduction ainsi proposée sans aucun conteste.
    Une religion doit rester une religion, ce n’est pas de la politique. Force est de constater que pour cette religion les deux se confondent dans la plupart des pays. Mais il faut espérer car il y a des femmes et des hommes de bonne volonté partout.

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