19 avril 2024 | 17:19
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Construire des logements ? Oui mais pas n’importe où, ou n’importe comment !

Moins de 6 mois après le second tour des élections municipales, voilà le dossier “sur-densification de Fontenay-aux-Roses” qui revient sur la table. Plusieurs raisons sans doute à cela :

  • Pour commencer, le nombre de demandes de Permis de Construire d’immeubles déposées au cours des derniers mois, et le nombre de nouveaux chantiers de construction s’ouvrant dans la ville ;
  • Ensuite, le vote prochain du Plan Métropolitain de l’Hébergement et de l’Habitat du Grand Paris, qui ferait passer, nous dit le blog Fontenay Avenir, l’obligation de construction à Fontenay-aux-Roses de 1500 (nombre généralement admis par les listes de candidats aux municipales, même si certains proposaient de le renégocier à la baisse) à 3000 logements (!), sans que personnellement je comprenne d’où sort ce nombre… Une affirmation ne vaut pas démonstration ;
  • Enfin, l’approche des élections départementales et régionales, qui conduit certains à faire remarquer avec jubilation que les obligations de construction actuelles résultent de textes votés par des majorités de gauche incluant EELV, à l’Assemblée nationale et au Conseil régional, ce qui est tout à fait incontestable

Ce qu’il faut certainement rappeler :

  • La France, et particulièrement l’Île de France, manquent cruellement de logements sociaux ; elles comptent plusieurs centaines de milliers de personnes mal logées, et parmi elles nombre de familles qui sont en attente d’un logement social depuis des années ;
  • Beaucoup de familles occupant des logement sociaux ne peuvent accéder à la propriété pour cause de volumes de construction trop faibles et à des prix prohibitifs ;
  • Beaucoup de jeunes salariés n’ont pas les revenus suffisants pour louer ou acheter seuls un logement et sont donc conduits vers des colocations ;
  • L’obligation de construire à proximité des gares, donc en zones déjà urbanisées, vise deux objectifs :
    • permettre l’utilisation des transports en commun plutôt que de véhicules personnels, polluants ou non, pour désengorger les centres-villes ;
    • ralentir, voire stopper, l’étalement urbain, en grande partie responsable de l’artificialisation des sols. Nous constatons tous les ans que les conséquences des événements climatiques avec fortes pluies sont amplifiées par l’incapacité des sols à absorber les précipitations : plus l’eau ruisselle, plus les dégâts sont importants !

Personnellement, je ne trouve donc pas grand chose à redire aux textes votés. Tout au plus, à l’aune de la crise COVID-19, pourrait-on s’interroger sur le niveau des obligations : beaucoup de franciliens cherchent à partir en province, et beaucoup d’immeubles de bureaux sont vacants, dont certains peuvent être transformés en immeubles d’habitation ; on n’aura peut-être plus besoin en 2030 de 15% de constructions supplémentaires ? Dans ce cas, évitons d’investir dans des bâtiments qui resteraient partiellement vides !

C’est donc plus dans l’application des textes que le bât (me) blesse :

  • Certaines communes, comme Clamart ou Chatenay-Malabry disposaient de grandes friches industrielles (ancien site de la recherche d’EDF à Clamart, ancien site de l’école Centrale à Chatenay, pour ne citer que deux exemples). Il est facile d’y construite un nombre important de logements et les équipements collectifs qui les accompagnent, tout en préservant des espaces verts. Ces communes ne s’en privent pas (il suffit d’aller y faire une balade à pied ou à vélo pour s’en convaincre), et on peut prendre le pari qu’elles auront dépassé l’objectif de 15% de logement supplémentaires d’ici 2030 ;
  • D’autres communes, comme Fontenay-aux-Roses, n’ont pas cette chance : les nouvelles constructions se font pour l’essentiel au détriment des espaces verts, pavillonnaires ou non. La seule opération de restructuration d’un quartier d’immeubles existants, aux Blagis, est aujourd’hui à l’arrêt (retrait de la demande de Permis de Construire après destruction d’un immeuble). On artificialise donc toujours plus les sols !
  • Ajoutons que les prix moyens pratiqués dans les nouvelles constructions fontenaisiennes les rendent totalement inaccessibles à des familles qui souhaiteraient accéder à la propriété et libérer un logement social, ou à des jeunes primo-accédants. Tout au contraire, Fontenay détruit des logements sociaux !
  • Remarquons, pour terminer, que la ville ne dispose pas des terrains nécessaires pour construire crèche (s), école(s) et terrain(s) de sport que nécessiterait l’augmentation de sa population…

D’autres façons de faire sont possibles :

  • Tout d’abord, la discussion sur le nombre de logements à construire pourrait être portée au niveau du Territoire Vallée Sud : si certaines communes ont des capacités à construire supérieures aux autres, il est certainement possible de s’entendre pour répartir les volumes de construction obligatoires. D’autant que la politique d’urbanisme est devenue une compétence du Territoire !
  • Ensuite, certaines villes, comme Antony, n’hésitent pas à modifier leur PLU pour mieux protéger leurs zones pavillonnaires. J’avais compris que l’actuelle majorité municipale comptait également le faire. Laisser libre cours à l’appétit des promoteurs serait-il aujourd’hui plus prioritaire que la protection des zones pavillonnaires ? Notons au passage que si le préfet à fait des observations sur le fait qu’Antony ne puisse peut-être plus tenir ses obligations de construction, il ne s’y est pas opposé. Preuve qu’il y a bien des marges de négociation ;
  • Enfin, d’autres communes, comme Bagneux, mettent au point des chartes pour imposer aux promoteurs des prix de vente qui restent accessibles aux familles modestes, sur tout ou partie de leurs projets. Encore un exemple que Fontenay pourrait suivre..

Je n’ai pas vu que ma ville s’engage dans une ou plusieurs de ces voies… Je le regrette.

Michel Giraud

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