25 avril 2024 | 12:03
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Cuisine centrale partagée avec d’autres villes : quel intérêt pour les fontenaisiens ?

Rappelons que Fontenay-aux-Roses dispose depuis 14 ans d’une cuisine centrale, exploitée par des agents municipaux, qui produit en moyenne chaque jour 2600 repas pour les crèches, les écoles, le personnel municipal et les séniors qui le souhaitent. La qualité des repas préparés fait l’unanimité dans la ville. Les circuits décisionnels sont courts : plus de produits bio, d’approvisionnement en circuits courts (produits locaux), de repas végétariens ? Il suffit que la municipalité le décide, après analyse de l’impact sur les coûts et tarifs, et les choses se mettent naturellement en place…

Que nous propose t’on ?

  • On nous propose d’abandonner la souveraineté de la ville sur sa cuisine centrale : la future cuisine sera nécessairement gérée par une société regroupant les 4 communes concernées (Bourg-la-Reine, Fontenay-aux-Roses, Montrouge et Sceaux), où Fontenay ne sera jamais majoritaire (27% des parts aujourd’hui). La réalisation des souhaits de Fontenay et de ses élus (bio, circuits courts, repas sans viande, etc.) devra être négociée avec les autres communes, puis acceptée par le CA s’une société dont la priorité sera la rentabilité financière avant la qualité des repas (voir ici mon article sur le transfert inéluctable de la gestion industrielle de la cuisine à une société privée…) ;
  • On nous propose une diminution inéluctable du rapport qualité-prix des repas. Les économistes nous expliqueront sans doute que la mutualisation entraine une réduction des coûts fixes (5% des coûts seulement dans la restauration collective !) Mais l’empilement des structures décisionnelles (la commune, la société qui représentera le regroupement de communes, l’opérateur industriel de la cuisine, etc.) a toujours entrainé une augmentation des coûts. Quant à la qualité… Le maire de Sceaux a déjà expliqué dans la presse que cette cuisine centrale allait augmenter le prix des cantines pour les scéens ; il ne fait guère de doute que pour limiter cette hausse, les maires ne pèseront pas en faveur d’une amélioration de la qualité ;
  • On nous propose de céder un quart des courts de tennis, qu’il n’est pas prévu de remplacer, pour construire cette nouvelle cuisine centrale. Tant pis pour les jeunes fontenaisiens qui verront l’offre de formation à ce sport et les capacités d’entrainement diminuer… Tant pis aussi pour les réserves foncières de Fontenay : si Sceaux et Montrouge sont très intéressées par une cuisine centrale chez nous, c’est notamment parce qu’elles n’ont pas de terrain pour en construire une chez elles. A Fontenay, nous aurons donc moins de terrains de sports, et moins de place pour en construire de nouveaux, mais nous aurons la joie d’avoir compensé la pénurie de terrain des autres ;
  • On nous propose de voir la ville traversée par des norias de camion : il n’échappe à personne que le site de la cuisine centrale actuelle, et de celle qu’on veut nous imposer, au Panorama, est très excentré par rapport aux communes concernées : la plupart des itinéraires pour livrer les repas à Bourg-la-Reine, Montrouge ou Sceaux traverseront Fontenay ! J’ai aussi une pensée pour les nouveaux occupants clamartois du Panorama qui verront sous leurs fenêtres une augmentation du trafic de camions livrant la cuisine en matières premières ;
  • On nous propose enfin d’assumer les risques financiers : Fontenay possède une cuisine centrale, financée par la ville, et qui est loin d’être amortie ; qui va payer la fin des amortissements ? La nouvelle cuisine sera construite sur le territoire de Fontenay ; si demain les autres communes décident de retrouver leur indépendance, qui assumera la charge d’un équipement surdimensionné par rapport à ses besoins ? La réponse aux deux questions est Fontenay-aux-Roses ; et pour l’amortissement de la cuisine actuelle, ce ne serait pas un risque mais une certitude… Voilà qui prépare une nouvelle augmentation de nos impôts ?

Donc, en résumé, que va apporter la future grande cuisine centrale aux fontenaisiens ?

  • Une perte de pouvoir décisionnel de la ville sur le contenu des repas et leur coût ;
  • Une baisse du rapport qualité-prix des repas : ce ne sera peut-être pas plus cher, mais ce sera moins bon que cela aurait dû l’être ;
  • Une diminution des surfaces consacrées aux sports alors que la population augmente ;
  • Une augmentation des nuisances liées au transit de camions ;
  • Une augmentation des risques financiers pour la ville.

Qui serait assez fou pour soutenir un tel projet ?

Michel Giraud

Lien vers la pétition contre ce projet : pétition

4 RÉPONSES

  • C’est étrange cette société déjà créée uniquement par Montrouge et Sceaux, avec la moitié du capital déjà appelé, un siège social à Sceaux, un premier exercice comptable qui s’arrête en 2013… une nomination des commissaires aux comptes pour 5 ans soit une fin de mandat en 2018…

    Rappel nous sommes en 2021… On prétend que c’est 1 création à 4 communes alors que la structure semble déjà être en cours, que les statuts n’ont pas été relus ni actualisés…(*) que Fontenay n’apparaît que comme actionnaire avec 3/10 des voix et alors que la cuisine sera sur le sol de Fontenay avec tous les désagréments déjà évoqués (trafic des camions…), un Pacte d’associés quasi inexistant. Que s’est il passé depuis 2013 ? Quel est l’état comptable de cette société de 8 ans dans laquelle on va participer à une augmentation de capital de 300 000e ?? Les fontenaisiens aussi peuvent savoir que ce sont leurs impôts

    (*) Des statuts quasi d’amateurs trouvés sur Google et pas à jour… ça promet.

  • Oui, vous avez parfaitement raison Madame Balin. Pour le moment, avec les élus de l’opposition, nous nous sommes surtout focalisés sur l’inutilité de ce projet de cuisine géante et ses risques et moins sur la gouvernance qui nous est proposée. Celle-ci, ainsi que la structure financière de cette SPL, posent effectivement un certain nombre de problèmes et je suis totalement en phase avec votre analyse.

  • Cela ne résoudra pas la problématique des circuits courts et du bio. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une étude économique qui détermine à partir de quel seuil de production de repas il n’est plus possible de mettre en œuvre des solutions de circuits courts ; les produits bio venus de l’étranger, avec des fruits ou des légumes cueillis trop tôt, et transportés de loin, sous plastique n’ont aucun intérêt. Le seuil pour disposer de produits de qualité et locaux est très bas et cela dépend des régions, la notre n’est pas une grande région agricole. Au-delà d’un seuil supérieur à environ 2000 repas / jour, on gagne en économies d’échelle mais on change d’échelle économique et il faut passer des contrats avec des grossistes. Les deux modèles ont leurs logiques… Nous prônons celui de la santé publique pour les enfants, les agents et les seniors.

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