19 mars 2024 | 07:04
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L’urbanisme et la politique de l’habitat en débat à Fontenay-aux-Roses (2nde partie)


3.       Densifier Bis repetita

Nouveau coup de théâtre, en mars 2014, quand la nouvelle municipalité élue (Laurent Vastel, UMP-UDI) stoppa l’opération Boucicaut/Ruelle de la Demi Lune, en autorisant uniquement la construction de la partie privée. Le trou resta béant durant le mandat car l’objectif affiché lors des conseils municipaux par le nouveau maire était de faire venir à Fontenay plus de 3 000 personnes à revenus aisés, soit disant pour « relancer le commerce », et revenir au niveau de la population de 1975 arguant que la ville aurait perdu des milliers d’habitants ! Cette critique de l’action municipale n’était pas acceptable car objectivement, la municipalité précédente avait stabilisé la population et n’était pas responsable du changement de mode de comptage de l’INSEE (par sondage). D’ailleurs, il est à souligner que l’actuelle municipalité, avec ce mode de comptage par sondage, ne s’est pas rendue compte que plus de 300 logements livrés en 2014, essentiellement dédiés aux étudiants, n’avaient pas été comptabilisés  pendant plusieurs années.

Cette perspective de forte densification, affichée et assumée par l’actuelle municipalité, est-elle raisonnable pour notre commune déjà dense et où le foncier disponible reste rare sauf à détruire espaces verts et pavillons ?

En effet, cet objectif démographique nécessite la construction nette d’au moins 2 000 logements supplémentaires privés. Donc il conviendrait d’atteindre un rythme de construction très élevé s’ajoutant au « point mort », une cinquantaine de logements nouveaux par an, pour simplement maintenir la stabilité de la population.

Souhaitant l’augmenter, la municipalité s’est fixée dans son programme de l’habitat adopté au Conseil communautaire, la construction de 210 logements essentiellement privés (loyers à plus de 20 €/m² ou en accession à la propriété à 7000 €/m²) par des promoteurs comme COGEDIM à La Cavée ou de VINCI pour la Place de Gaulle, projets de constructions qui ressemblent étrangement à ceux prévus d’avant 1994… C’est pour atteindre cet objectif, et qui plus est pour rendre possibles ces projets préétablis par les promoteurs,  que la municipalité s’est dotée dès 2017 d’un Plan Local d’Urbanisme (PLU) densificateur, multipliant par 3  la « constructibilité » de la commune.

Les Fontenaisiens veulent-ils une telle sur-densification de leur commune ? Accepteront-ils l’objectif de la municipalité d’attirer 3000 personnes à revenus aisés, alors que dans le même temps, la municipalité a commencé à démolir des logements sociaux en particulier aux Blagis, dont on ne sait s’ils seront vraiment tous reconstruits, et que plus de 1000 Fontenaisiens attendent un logement social ?

Au lieu d’assumer publiquement la responsabilité de son projet, l’actuelle municipalité se renferme dans un discours qui ne fait pas honneur à la juste information des citoyens. Elle indique que ce serait l’Etat qui les obligerait. Ou que ce serait la faute de la précédente municipalité qui aurait diminué la population.

Aussi, il incombe de rétablir quelques vérités pour que chaque fontenaisien puisse se faire son opinion dans ce débat, certes technique mais éminemment politique, car il s’agit de l’avenir de leur commune et pour beaucoup d’entre eux, notamment les jeunes, de pouvoir simplement avoir le choix d’y rester.

Tout d’abord, face aux besoins de logements, particulièrement marqués dans notre région, l’Etat a toujours prévu de relancer la construction en Ile-de-France. L’objectif de 70 000 logements annuels  a d’ailleurs été fixé sous la présidence de M. Sarkozy. Déjà en 1994, l’Etat poussait à un effort de construction et déjà à l’époque, il fallait batailler pour protéger la commune, ce qui a été possible grâce à un POS protecteur obtenu après un vrai bras de fer entre le maire et le préfet de l’époque. Pour y arriver, et afin d’apprécier notre juste part dans l’effort régional de construction, il a fallu tenir compte des caractéristiques toujours actuelles de notre commune : forte densité, desserte déficiente par le RER, manque d’espaces verts et d’emplois sur la commune. Ces caractéristiques sont toujours d’actualité. Il faut également tenir compte du bassin de vie pour que cet effort soit réalisé sur le territoire intercommunal et non pas sur notre seule ville, car Clamart et  Bagneux ont, elles, du foncier disponible sans aucune mesure avec Malakoff ou Fontenay.

 Le faux argument mensonger de la baisse de la population

Ensuite, et c’est le plus récent des rebondissements, l’argument de la diminution de la population sous la précédente municipalité ne tient plus. En effet, la population fontenaisienne avait même en réalité un peu augmenté et dépasse aujourd’hui 25 000 habitants alors que chacun doit le reconnaitre, l’effet de la volonté sur-densificatrice de l’actuelle municipalité est à venir car aucun immeuble nouveau n’avait encore été achevé au moment du chiffrage de l’INSEE. L’argument de revenir à la population de 1975 tombe et malgré cela, l’actuelle municipalité maintient ses objectifs de sur-densification de la commune.

Ainsi, les arguments externes n’étant plus ni avérés, ni incontournables, il n’y a plus aucun doute, pour ceux qui en avaient encore, sur l’objectif politique de la sur-densification de la ville, objectif que  l’actuelle municipalité doit assumer pleinement.

Une forte croissance de logements privés modifiera inéluctablement le visage de la commune au détriment de nos espaces verts, des pavillons et permettra l’installation d’une nouvelle population aisée, seule susceptible de pouvoir acheter ou louer aux prix du privé tandis que la grande majorité des Fontenaisiens, en particulier les jeunes qui souhaitent quitter le domicile de leurs parents, ne pourra rester y vivre.

La ville défendue par la précédente municipalité, c’est une ville à visage humain, équilibrée dans ses formes urbaines (pavillons/collectifs), dans sa diversité de l’habitat (privé et social) et dans sa composition (propriétaires et locataires, jeunes et moins jeunes). Nous y reviendrons car le débat ne fait que se poursuivre, en espérant que ce ne sera pas trop tard, pour permettre à notre commune de redevenir un exemple à suivre dans le monde de demain.

Pascal BUCHET, Maire honoraire
Pauline LE FUR, Conseillère municipale

5 RÉPONSES

  • Merci pour ce rappel chronologique historique sur l’évolution et la composition de la population de FAR depuis les années 1990.

    Vos précisions expliquent clairement les choix politiques pris entre 1994 et 2014.

    * Elles donnent une toute autre vision sur les données que nous distille Jean-Michel Durand à coup de graphiques et de statistiques dans son analyse fleuve et indigeste pour essayer de nous persuader que la construction de 2.000 nouveaux logements et le transfert d’un maximum de services au Territoire est une nécessité absolue pour équilibrer les finances de FAR.

    * Elles montrent clairement les conséquences d’un choix politique sur l’évolution de notre ville.

    Je n’ai qu’un reproche à vous faire, Pauline et Pascal, celui de ne pas avoir dit et écrit ce que vous rapportez dans vos 2 parties avant le 2ème tour des élections municipales…

    J’ose penser que cela aurait pu modifier complètement ce que nous allons devoir subir jusqu’en 2026.

  • Nous l’avons dit et redit et même écrit. Mais nous ne sommes pas responsables de la stratégie voulue alors de nous écarter au moins en ce qui me concerne dans la communication malgré nos alertes répétées. cqfd

  • Bonsoir Pascal, pourrais tu expliquer ce que tuveux dire quand tu écris “…nous ne sommes pas responsables de la stratégie voulue alors de nous écarter au moins en ce qui me concerne dans la communication…”.
    Merci

  • Bonjour, en plus du gros immeuble qui se construit à l’entrée de la ville côté Bagneux, rue de Fontenay, en lieu et place de pavillons typés et d’un jardin magnifique qui aurait du être l’occasion d’avoir un joli square de proximité, voilà que j’apprends qu’un projet de logements est aussi en cours rue des Bénards, non loin de la rue du maréchal Foch ou j’habite. Il s’agit encore d’un pavillon qui sera démoli et d’un terrain en friche servant plus ou moins de parking. Je ne sais pas où cela en est, mais y a t’il moyen, par le biais de pétitions ou je ne sais quoi, d’essayer d’éviter ça et d’obtenir au moins la création d’un square à la place, car à part la coulée verte surbondée quand il fait beau ce quartier mériterait de bénéficier d’un espace vert à lui ?
    Pourriez vous me conseiller ?
    D’avance merci

  • Cher(e) Madame/Monsieur Guettier
    Pendant la campagne municipale de l’an dernier, nous avons dénoncé la volonté hyper densificatrice de Laurent Vastel et ses projets de construction d’immeubles dans les quartiers pavillonnaires en faisant disparaître des espaces verts. Il nous a accusés de diffuser des fake News. Mais la réalité est encore pire que nos craintes de l’époque.
    Dans le cas que vous évoquez, il faut encourager la mobilisation des riverains contre l’arrivée d’un nouveau promoteur et il faudra faire analyser la demande de permis de construire pour voir si elle est conforme au PLU élaboré par Laurent Vastel avec son maire adjoint en charge de l’urbanisme de l’époque (Michel Faye). Avec les élus de l’opposition, on est à votre disposition pour étudier avec vous comment éviter une nouvelle attaque contre notre cadre de vie.
    Gilles Mergy
    Gilles.mergyfar@gmail.com

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