25 avril 2024 | 11:47
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Chronique de lecture : Pourquoi pas le vélo ?, Stein van Oosteren, écosociété

Mon appréciation : ♥♥♥♥ / 5

Ma chronique sur Babelio : Cher Stein, je viens de terminer la lecture de votre livre et je voudrais vous féliciter pour ce brillant argumentaire pro-vélo.

Enfant, à la campagne, dans les années 1960-1970, le vélo était, avec la marche, mon seul moyen de transport pour aller rencontrer mes copains dans les villages voisins. Devenu adulte, je pratique depuis près de 40 ans le vélo sportif et de loisir. Mais je dois avouer que c’est très récemment que j’ai commencé à utiliser un de mes vélos pour mes déplacements de proximité, en complément de la marche, mais sans exclure l’utilisation de la voiture lorsque nécessaire.

C’est donc avec le regard neuf du lecteur que j’ai observé les cyclistes lors d’un déplacement à Paris hier (en voiture, mais l’état de mon dos m’interdisait le pédalage…). Ce que j’ai pu observer confirme que si, pour favoriser l’utilisation du vélo, il faut des pistes cyclables, encore faut-il se donner les moyens de les faires respecter. Quelques exemples :

  • comment justifier que, sur un pont où passent 3 ou 4 files de voiture dans chaque sens, on trace une voie cyclable ne protégeant les cyclistes que par des traits de peinture ? L’installation de séparateurs physiques coûterait-elle si cher ?
  • comment accepter que les camionnettes de livraison mettent en danger la vie des cyclistes en obstruant leur piste plutôt que de risquer quelques coups de klaxon énervés en bloquant une voie de circulation automobile ?
  • comment accepter que les travaux de voirie prévoient des solutions de repli pour les voitures et les piétons, jamais pour les vélos ?

Vous l’avez compris, Stein, nous sommes largement d’accord sur votre diagnostic et vos solutions. Il y a cependant quelques points sur lesquels j’ai un avis différent, ou complémentaire :

  • Le premier concerne votre opposition à l’obligation des équipements de sécurité (casque, gilets fluo, etc.) : cela me rappelle l’opposition, dans les années 1970, à l’obligation du port de la ceinture de sécurité dans les voitures ou du casque pour les motards, combats qui paraissent maintenant bien ringards… Je crois que vous avez fait des études de philo, et le problème me semble de cet ordre : aujourd’hui les sociétés occidentales ne supportent plus que nous soyons malades ou blessés, ni même que nous mourrions. Elles cherchent donc à nous protéger au maximum. Il est inutile de s’attaquer aux conséquences (les protections que l’on nous impose) ; il vaut mieux réfléchir à la pertinence du postulat de départ…
  • Le deuxième concerne l’idée que l’on pourrait tout faire, ou presque, à vélo… Pour ma part, je pense plutôt qu’il y a de multiples moyens de se déplacer (la marche, le vélo, les transports en commun, les véhicules à moteur à 2, 3 ou 4 roues, etc.) et qu’il faut apprendre à choisir au cas par cas celui qui est le meilleur pour nous et pour la planète. Par exemple :  je préfère marcher que pédaler sous la pluie ; ce que je dois transporter tient-il dans mon sac à dos et/ou le panier de mon vélo ? quel moyen me recommandent la distance et la géographie de mon déplacement ?
  • Le troisième point, dans la continuité du précédent, concerne les infrastructures : personnellement je n’aurais eu aucune difficulté particulière à parcourir à vélo les 15 à 20 kilomètres entre mon domicile et mon lieu de travail (aller-retour, cela m’aurait même probablement fait gagner du temps), à condition de pouvoir prendre une douche à l’arrivée… Mais devoir imposer à mes collègues mes odeurs de transpiration jusqu’à l’ouverture d’une salle de sport à 11h30 ou midi m’était impossible. Il faut peut-être réhabiliter les douches publiques (qui existaient dans presque tous les gros bourgs dans mon enfance) et imposer aux entreprise d’installer des douches, aussi naturellement qu’elles prévoient les WC ?
  • Le quatrième concerne la référence quasi exclusive aux Pays-Bas (et à Amsterdam), et à un degrés moindre au Danemark, pays où les côtes se font rares… La France a la chance d’avoir un relief plus varié, ce qui ne facilite pas, reconnaissons-le, la pratique de la bicyclette(*). Pourtant une innovation récente change tout : le vélo à assistance électrique ! Sans cela, mon épouse n’aurait jamais affronté la côte devant la maison pour “monter” à vélo à son travail… Pays-Bas et Danemark sont des exemples pertinents sur certains points, comme l’aménagement des infrastructures ; la France pourrait devenir une référence sur d’autres sujets, comme l’aide à l’investissement dans le vélo à assistance électrique. Pourquoi n’en parlez-vous pas plus ?

Ce sont évidemment des sujets que l’on peut discuter…

Merci Stein pour cette belle contribution à la cause du vélo.

Michel Giraud

(*) interviewé à l’occasion d’une étape du tour de France il y a une dizaine d’années, à la question “Vous aussi vous faites du vélo ?”, Maxime Leforestier avait répondu (en substance) “Non, eux, les coureurs, ils font du vélo. Moi je ne fais que de la bicyclette.”

1 RÉPONSE

  • Merci Michel pour cette lecture attentive. Je réagis point par point :

    1/ Je suis, comme toute association et fédération cycliste, contre l’obligation de porter le casque car cela fait chuter la pratique du vélo et augmente ainsi le nombre d’accidents. Oui c’est contre-intuitif, mais c’est bien cela qui rend le sujet de la mobilité si intéressant intellectuellement. A condition d’oser se confronter aux pièges de l’esprit ! J’invite les personnes curieuses à lire les explications scientifiques à la page 80.

    2/ Je ne préconise pas le tout-vélo. Cela est justement l’un des très nombreux préjugés sur le vélo : que les « pro-vélo veulent imposer leur manière de vivre ». Il suffit de regarder autour de nous pour voir quel mode de déplacement s’est imposé partout et continue encore de le faire avec la complicité de certains élus….

    3/ 15 km à vélo est beaucoup. Je pense plutôt aux 50% des déplacements en voiture en Île-de-France qui sont inférieurs à 3km, donc 12 minutes à vélo, de porte à porte. On parle toujours des « trajets impossibles » et on oublie qu’il y a 12 millions de trajets entre 1 et 5 km par jour en Île-de-France qui pourraient se faire à vélo. Cela fait 29% des trajets en IdF, exactement la part modale du vélo aux Pays-Bas…

    4/ Je crois en effet que le vélo à assistance électrique est un énorme accélérateur de la transition vélo. Ce sont surtout les femmes qui les achètent. Elles sont moins marquées que les hommes par l’idée que « se déplacer » implique forcément une grosse machine avec un gros moteur qui vous transporte à l’intérieur comme un légume.

    Aux lecteurs et lectrices intéressé.e.s : je me tiens à votre disposition pour organiser un petit débat sur le vélo dans votre entreprise, association, etc… Je pense que la société a énormément besoin de ce débat, et votre article en est un beau signe. Je vous en remercie !

    #pourquoipaslevelo

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